
Altuna y Portu, Manuel Ignacio de

(Azkoitia, 1722-1762)
Il était appelé à jouer un rôle décisif dans le projet illustré de la Royale Société Basque des Amis du Pays, mais sa mort prématurée l'en empêcha, privant ses amis et compagnons de voyage, Peñaflorida et Narros, d'un esprit lucide, avancé et connaisseur des nouveautés parvenues de France, tout particulièrement en matière d'éducation et sciences. Il a fait ses premières études à l'école des jésuites de sa ville natale (1732-1734), pour passer en 1736 au Séminaire Royal de Nobles de Madrid, institution éducative également dirigée par les pères de la Compagnie de Jésus qui tentait alors de se moderniser dans le cadre de la première réforme bourbonienne.
Sa période de formation s'est terminée avec un voyage en Italie qui le conduisit en 1743 dans la ville de Venise, où il connut Jean-Jacques Rousseau. Leurs passions partagées, la musique et les arts, ont fondé une solide amitié qui se poursuivit à Paris, où il résida entre 1744 et 1745. Dans la capitale française, il termina ses études scientifiques animées par le philosophe genevois.
Début 1746, il occupa la mairie du village qui le vit naître. Il commença ainsi une nouvelle étape de sa vie caractérisée par la tentative de matérialiser les idées illustrées dans la réalité sociale de Guipúzcoa : d'un côté, depuis l'exercice du pouvoir municipal et l'intervention des affaires de la Province, dont il fut son Député Général ; et de l'autre, en protagonisant les débats de l'Académie d'Azkoitia, en étroite collaboration avec Xabier María de Munibe et Joaquín de Eguía. Les principaux axes de cette activité furent les inquiétudes pour l'éducation de la jeunesse et la pratique scientifique-technique, deux des principaux efforts qui éclaireraient quelques années plus tard l'idéologie de la Royale Société Basque des Amis du Pays.
En outre il est considéré co-auteur, avec les deux précédents, de Les villageois critiques, ou lettres critiques sur ce que l'on verra (1758) une réplique en règle aux positions scolastiques et aristotéliques de Fray Gerundio de Campazas du P. José Francisco de Isla, publiée cette même année ; et une défense de la science expérimentale et du réformisme pédagogique d'auteurs tels que le théologien Portugais Luis Antonio Verney.
Les dernières années de sa vie, il entretint une correspondance avec Rousseau, à qui l'on attribue l'opuscule manuscrit intitulé Instruction d'un père à son fils sur la manière de se conduire dans le monde qui est conservé aux Archives du Territoire Historique d'Alava. Sa traduction en espagnol a été présentée lors des Assemblées Générales de la Royale Société Basque des Amis du Pays de 1767 par le jeune Manuel Ignacio de Altuna y Zuluaga, fils de notre protagoniste.