Histoire

La Royale Société Basque Des Amis Du Pays et la langue Basque

EMILIO MÚGICA ENECOTEGUI
Amigo de Número de la Real Sociedad Bascongada de los Amigos del País

Les premiers statuts (1765) de la [Royale Société Royale Basque des Amis du Pays proclament, entre autres objectifs, polir et cultiver la langue basque avec la volonté de recueillir les textes les plus importants écrits dans cette langue, et aussi de perfectionner sa poésie en adoptant comme marque et devise pour cette nouvelle société l'Irurac bat (trois en une). Le Règlement des Élèves du Séminaire de Bergara stipulait que les études des langues devaient commencer par l'étude des langues nationales telles le Basque et l'Espagnol, bien que le latin et le français fussent également prioritaires. La situation diglossique du Pays Basque s'explique par l'apparition tardive de la langue écrite et, par voie de conséquence, de l'analphabétisme local des Bascophones, à l'exception du clergé.

Peñaflorida écrivit en espagnol et en basque. Parmi ses musiques aux paroles en basque figurent la partie chantée de El borracho burlado, considérée comme le premier opéra basque, des chants de Noël sous pseudonyme pour les fêtes de Noël de 1762 appelés Gavon sariac, le chant Irten ezazu pour la Chandeleur, le zortziko Adio provintziya et un Notre Père Aita gurea. Il soutint l'idée de la rédaction d'un dictionnaire de la langue basque prônée par Campomanes, puis mise en œuvre par Aizpitarte qui évoqua à son tour l'idée d'une académie de la langue, exploitée par Aizkibel. Peñaflorida exprima son mécontentement face aux réticences à délivrer à la Société des textes basques mis à disposition par Madrid. On ne connaît pas la réponse de Munibe à la lettre envoyée par un religieux de Valladolid, lui demandant de lui écrire en langue basque pour garder le secret. Nous aurions connu le style épistolaire en basque de celui à qui l'Euskaltzaindia-Académie de la Langue Basque rendit hommage à l'occasion du bicentenaire de sa mort. Cependant, dans une lettre adressée à son fils Ramón, il écrit « ton extrait basque nous a fait très plaisir, à la fois pour les nouvelles particulières qu'il contient et pour la preuve de l'affection que tu portes à ta Langue maternelle ».

Au Séminaire de Bergara, les enfants de certains membres éminents de la Bascongada utilisaient le basque pour prononcer leurs harangues ou se saluer lors des manifestations publiques. On tint compte aussi de la particularité basque dans la formation de ceux qui allaient vraisemblablement occuper des places importantes dans la marche de leur pays, à travers l'histoire, la géographie et la culture propres. Néanmoins, en accueillant de nombreux séminaristes de tous horizons, même d'outre-mer, les difficultés s'accrurent, surtout en ce qui concerne la langue. Sans compter que les premiers statuts de la Société mentionnent la préoccupation d'instruire sur la grammaire et l'orthographe espagnoles, ce qui obligea à adapter par le dialogue les textes existants. Cette situation donna également lieu à des plaintes de certains membres, qui réaffirmaient le principe selon lequel la première grammaire à enseigner était celle de la langue maternelle. On leur expliqua l'existence de règles gouvernementales qui imposaient l'enseignement de l'espagnol, non sans rappeler la pratique de la bague comme moyen de répression contre la présence de la langue basque dans les salles de classe.

D'autre part, l'Ilustración profitait à l'unité linguistique, si bien qu'un membre notoire comme Foronda (qui avait proposé de diviser l'Espagne en sections carrées portant un numéro, mais pas de nom), estimant les choses par leur utilité, ne voyait pas d'intérêt à varier les langues pour communiquer et pour dynamiser l'industrie et le commerce. Moguel, auteur de Peru Abarka et enseignant au Séminaire de Bergara, présenté comme le premier défenseur de la langue par rapport au Fuero (ou For), déclara éprouver de la compassion en voyant les enfants qui romanisaient les voix basques.

Peu avant les débuts de la Bascongada, le jésuite Larramendi, farouche défenseur de la langue, affirma que les Basques semblaient ne pas apprécier leur langue car ils n'écrivaient même pas de lettres en basque, celle de l'évêque Zumárraga écrite depuis Mexico en 1537 faisant exception. Ainsi la langue basque est absente de la correspondance des débuts de la Société, mais dès que les liens de l'amitié mutuelle se resserrèrent, le triumvirat formé par Munibe, alors comte de Peñaflorida, Eguía futur marquis de Narros, et Altuna, l'ami que Rousseau louait dans ses Confessions, introduisit naturellement la langue vernaculaire habituelle dans ses réunions à Azkoitia. Les premières réunions informelles allaient aboutir à la formation d'une sorte d'académie, où l'on parlait de science, de philosophie, d'histoire ou de littérature, tout en cultivant la musique.

Leurs préoccupations intellectuelles s'inscrivirent d'emblée dans l'éducation, donnant lieu au projet pédagogique du Séminaire dans ses différentes époques. Peñaflorida affirmait que l'enseignement n'était pas juste l'objet principal de la Société, mais le seul jusqu'à ce que, les lumières répandues, le moment fût venu de les appliquer à bon escient pour des objectifs particuliers. Par exemple lorsque la Société ajouta à son activité d'enseignement l'activité littéraire, musicale ou scientifique. À noter le large succès du Laboratorium Chemicum concernant le wolfram et le platine, sans oublier le développement d'activités agricoles, artisanales ou industrielles. Création d'une Société civile qui n'adopta jamais le titre d'« Économique » en tant que tel, à la différence des sociétés créées sur son modèle à l'initiative gouvernementale, bien qu'on lui attribue souvent ce terme à tort.

Après la mort de Peñaflorida, le Séminaire présenta d'évidentes difficultés, notamment financières, avec des répercussions sur la marche de la Royale Société Basque des Amis du Pays. De surcroît, celle-ci fut touchée par le déclin des Sociétés des Amis du Pays et les soupçons de l'Inquisition suscités par la Révolution Française ou la Guerre de l'Indépendance.

C'est dans un climat de suspicion autour du basque et après avoir surmonté bien des obstacles que l'actuelle Royale Société Basque des Amis du Pays renaît en 1944.

Il convient de souligner la clôture des fêtes à Azkoitia en 1965 à l'occasion du bicentenaire de la naissance de la Bascongada avec la présence, entre autres personnalités, des ministres de l'Éducation et de l'Industrie de l'époque. Le Directeur de la Société rappela au premier la densité de locuteurs et l'intérêt de disposer de chaires pour l'étude de la langue basque dans les trois provinces où la Société était établie, ainsi qu'en Navarre. Lora Tamayo proposa son aide car il estimait que contribuer à la préservation de la langue dans le cadre d'une étude philologique sérieuse était une cause juste et noble. Par ailleurs, lors d'une Assemblée Extraordinaire et Délibérante organisée en 2002, une des conclusions retenues était de favoriser la langue basque, comme dans l'étape de fondation, même si l'on dénonçait son usage habituel quelque peu insuffisant au sein de la Société, d'où l'importance de favoriser son usage public et dans les publications, avec le soutien particulier à Egan et la volonté de créer un séminaire de langue et littérature basques.

Le 250e anniversaire est marqué par l'utilisation croissante de la langue basque dans les manifestations et publications, dont notamment ces dernières années le fac-similé, avec des études et illustrations, de la traduction Don Kijote Mantxako par Berraondo, ainsi qu'une anthologie en basque unifié de l'œuvre et l'édition des mémoires du dialectologue Yrizar. De plus, quelques contributions ont été présentées en langue basque au Congrès Ilustración, Ilustraciones de 2007 et des membres sont intervenus aux côtés d'autres institutions à Madrid en 2012 à l'occasion de journées sur le basque comme langue d'avenir et d'une cérémonie pour lui rendre hommage. Bien que la réalisation majeure soit l'édition depuis 1948 (sous le franquisme) d'Egan en supplément de notre Bulletin, au début avec d'importantes collaborations en basque et en espagnol, puis uniquement en basque. Le changement naît en 1954 de la proclamation Asmo berri, dans une volonté d'atteindre un haut niveau culturel par une approche souple et actuelle. Mission accomplie avec ses rubriques de recherche et de création, littérature pour enfants et adolescents, ses thèmes variés regroupés sous le nom de patchs (adabakiak), notes critiques et comptes rendus. Enfin, elle publie des tirés à part et exerce une activité très intéressante au Pays Basque continental ou Iparralde, aux côtés d'Euskaltzaleen Biltzarra.

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DIRECTION DE LA ROYALE SOCIÉTÉ BASQUE DES AMIS DU PAYS

Palacio Intsausti
Aptdo. 105 – 20720 AZKOITIA
Tel. 943 285 577
E-mail: intsausti.rsbap@gmail.com

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