Histoire

La Royale Société Basque des Amis du Pays et le Real Seminario Patriótico Bascongado de Bergara

INÉS PELLÓN GONZÁLEZ
Amiga de Número de la Real Sociedad Bascongada de los Amigos del País

Le Séminaire de Bergara au XVIIIe siècle

La première impression que quelqu'un ressent en voyant le Séminaire de Bergara pour la première fois, et celle de contempler sans aucun doute un bâtiment particulier. Cette sensation pourrait être confirmée par ses splendides murs, qui s'ils pouvaient parler raconteraient qu'ils ont abrité un centre d'enseignement et de recherche d'élite, pionnier dans les disciplines scientifiques et techniques qui y étaient données. Le principal promoteur de cet exploit fut Xavier Mª de Munibe e Idiáquez (1729-1785), huitième Comte de Peñaflorida, qui avec d'autres Procureurs créa une Société à l'image des Académies des Sciences qui existaient en Europe à l'époque. Née formellement le 24 décembre 1764, lorsqu'elle se trouva sous la protection du roi, elle s'appela Royale Société Basque des Amis du Pays, ce fut le premier organisme de ce genre qui fut fondé et qui suscita un grand intérêt parmi ses contemporains.

Lorsque le projet d'enseignement de la Sociéte Basque se concrétisa, ces enseignements s'établirent dans un splendide bâtiment qui appartint aux jésuites et qui fut donné à la Société Basque lorsque la Compagnie de Jésus fut expulsée d'Espagne. Le centre s'appela Real Seminario Patriótico Bascongado à partir de février 1777, et malgré le fait de s'appeler « Séminaire », à cette époque, aucune étude religieuse n'y avait lieu, l'éducation nécessaire pour poursuivre d'autres études supérieures y était proposée, sans oublier toutes sortes d'enseignement en vue de fournir une formation complète aux élèves.

En septembre 1777, les deux premières chaires de « Chimie » et de « Minéralogie et Métallurgie » instaurées dans le pays furent créés car, bien que le « L'École des Mines » d'Almadén fut créée quelque mois avant (Ordre Royal du 14 juillet 1777), son plan d'études ne les prévoyait pas. La fondation de ces deux chaires fut associée à une mission d'espionnage scientifique-militaire qui compta sur l'aide des associés de la Société Basque et qui se couronna par l'isolement du tungstène à Bergara en 1783 par Juan José (1754-1796) et Fausto (1755-1833) de Elhuyar (ou Delhuyar). Mais nous ne devons pas nous laisser aveugler par cela, car les événements scientifiques obtenus dans la villa de Bergara furent nombreux : parvenir à corrompre le platine à partir de son minéral, premièrement par François Chabaneau (1754-1842), professeur de Physique, Langue française et Chimie, puis par Anders Nicolaus Thunborg (1747-1795), professeur de Minéralogie; l'activation de techniques novatrices pour promouvoir l'industrie du pays; les différents travaux métallurgiques de Fausto de Elhuyar; les analyses des eaux faites dans différentes fontaines et sources par le chimiste Louis Proust (1754-1826), entre autres nombreuses recherches de nature chimique; le renforcement des nouvelles pratiques d'agriculture et d'élevage; le haut niveau des études mathématiques données par Gerónimo Más (?-1804); l'activation des études Nautiques à travers la remise de différentes prix ou la recherche médicale de différents types, parmi laquelle s'est distinguée la campagne d'inoculation de la variole. En outre, Louis Proust à l'honneur d'avoir établi à Bergara « un laboratoire parfait » pour donner ses cours et réaliser des tâches d'analyses chimiques. Situé dans la proche « maison de Zabala », le 20 mai 1779 il fut le témoin de la première leçon de chimie entendue comme une discipline académique indépendante donnée dans tout le Royaume.

À la mort du roi Charles III en 1788, Charles IV (1748-1819) lui succéda, envisageant le déroulement de la Révolution dans le pays voisin et ladite « Guerre contre la Convention ». Avec l'entrée des soldats français dans la province de Gipuzkoa, tout le personnel du Séminaire se dispersa, et à partir de 1794, les activités réalisées cessèrent, bien que non définitivement. Jusqu'à il y a peu de temps, on pensait que les troupes françaises avaient pillé le centre et avaient détruit, entre autres choses, les effets du laboratoire, mais il a été démontré aujourd'hui que cette destruction n'a pas eu lieu. Tous les ustensiles du laboratoire chimique situé dans la « maison de Zabala » survécurent au conflit belliqueux et furent transférés à l'édifice principal en 1800, où l'activité d'enseignement avait repris depuis janvier 1798.

La reprise de l'activité d'enseignement au XIXè siècle et sa poursuite au XXè siècle

Le délicat XIXè siècle fit que le centre s'appela « Real Seminario de Nobles » en 1804 et « Liceo Bascongado» pendant le gouvernement de José Bonaparte, et à nouveau « Real Seminario de Nobles » à la fin de la Guerre de l'Indépendance. Vers la moitié de la période triennale libérale (1820-23) le Séminaire obtint la catégorie d' « Universidad de Provincia para la 2ª Enseñanza», devenant ainsi le premier centre officiel d'enseignement secondaire de Guipúzcoa, reprenant le nom de « Real Seminario de Nobles» en 1823. Malgré l'occupation militaire du Séminaire pendant la Première Guerre Carliste (1833-1839), les enseignements reprirent en octobre 1840, débutant ainsi une autre brillante étape qui commença lorsqu'en 1845 il fut déclaré « Instituto Superieur de Guipuzcoano de Segunda Enseñanza », où étaient délivrés les diplômes que la plupart des Lycées nationaux ne pouvaient pas assumer.

Les responsables du Séminaire élargirent l'offre d'enseignement en 1848 avec une Escuela especial de Matemáticas et une Escuela de Comercio, qui officialisèrent les études préparatoires pour les études supérieures. Deux ans plus tarde (1850), la Escuela Industrial fut fondée, l'une des premières créées (avec celles de Barcelone et Séville), précurseures de nos actuelles Écoles d'Ingénieurs Industriels. Le centre acquit en 1851 le nom de « Real Seminario Científico Industrial de Vergara » et comprenait les sections d'Enseignement Primaire, Lycée, École Spéciale de Mathématiques, École de Commerce, École Industrielle et Enseignements Divers. La modernité et le niveau élevé de connaissances transmis firent que comme au XVIIIè siècle, le Séminaire accueillit des élèves de presque toute la Péninsule, de certaines nations européennes et des territoires d'outre-mer comme les Amériques et les Philippines. Malheureusement, les difficultés économiques conduisirent à la disparition de l'École Industrielle en 1861, de sorte que le Séminaire n'avait plus que les études correspondant à l'Institut Provincial et l' « Internat », conservant, bien que sans subvention, les enseignements qui permettaient l'accès aux études supérieures civiles et militaires de l'État, ainsi que les études de commerce. Pendant la Seconde Guerre Carliste (1873-1876) l'occupation de l'établissement par les troupes du prétendant carliste détermina que l'Institut Provincial de Guipúzcoa soit transféré à Saint-Sébastien, ville où il perdure à ce jour. L'activité d'enseignement dans le Séminaire cessa jusqu'à ce qu'il fut cédé à l'ordre des Pères Dominicains en 1880, avec la condition d'y instaurer un centre d'études. Ils le réactivèrent de telle sorte que sa réputation conduit à nouveau Bergara à briller, en considérant que l'activité scientifique était l'une des clés de l'enseignement. Ils augmentèrent tous les cabinets, surtout celui des sciences naturelles et la collection zoologique, car le directeur était passionné des théories de Darwin, malgré le fait d'être membre d'un ordre religieux. Ce précieux héritage fut sur le point de disparaître par le laisser-aller de certains à un moment donné, jusqu'à ce qu'heureusement, la corporation municipale décida d'entamer en 1992 un travail de recherche, identification, restauration et conservation considérable de tout le matériel qui était abandonné. Ces 3012 pièces uniques, précieuses, irremplaçables et avec un énorme avenir, incluent par exemple un dilatomètre de 1772 ou un squelette complet de « baleine basque » (Eubalaena glacialis), entre autres matériaux d'une valeur inestimable.

Tous les protagonistes de l'histoire de la Royale Société Basque des Amis du pays et son Séminaire ont travaillé énormément, très dur et très bien. Leurs résultats en sont la preuve; leurs efforts ont porté leurs fruits éblouissants, mais ils servent également de modèle dans d'autres aspects de la vie: la valeur du travail bien fait, la récompense de l'effort, l'importance du mot prononcé et du sens de l'honneur, ainsi que la responsabilité face aux engagements sont certaines des valeurs que nous pourrons apprendre lorsque nous nous en approcherons. Grâce à eux, nous nous trouvons sur des « épaules de géants », comme le disait Bernardo de Chartres; nous nous dresserons sur de parfaits points d'appui depuis lesquels nous pourrons voir plus large et plus loin, et d'où nous pourrons préparer un meilleur avenir. L'éclat de ce passé est celui qui doit éclairer notre avenir et nous devons transmettre cette connaissance à nos contemporains, mais surtout à nos descendants. Nous devons faire en sorte qu'elle ne tombe jamais dans l'oubli.

 

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